Pour commencer, c’est la seule discipline où le praticien doit avoir fait une analyse personnelle, longue et approfondie. Une supervision avec un psychanalyste chevronné est requise.
Deux métaphores me paraissent parfaitement illustrer la cure analytique.
La première est celle du voyage et plus précisément, celle des navigateurs du temps des grandes découvertes. La psychanalyse est une traversée, un voyage intérieur que l’on retrouve dans de nombreuses expressions : « chercher sa voie » ou « faire son chemin », en passant un ou plusieurs caps. L’orientation est une question majeure car souvent ce qui aura motivé ce voyage, sera la sensation d’être perdu, d’être à l’ouest disent certains, autrement dit d’être désorienté. Le cabinet de la rue du Mont Thabor sera un point d’ancrage.
Un extrait du Roman Moby Dick d’Herman Melville (1819 - 1891) décrit parfaitement un état qui pousserait à s’embarquer dans un voyage psychanalytique :
« Je m’appelle Ishmaël. Il y a quelques années, sans préciser davantage, n’ayant plus d’argent ou presque et rien de particulier à faire à terre, l’envie me prit de naviguer encore un peu et de revoir le monde de l’eau. C’est ma façon à moi de chasser le cafard et de me purger le sang. Quand je me sens des plis amers autour de la bouche, quand mon âme est un bruineux et dégoulinant novembre, quand je me surprends arrêté devant une boutique de pompes funèbres ou suivant chaque enterrement que je rencontre, et surtout lorsque mon cafard prend tellement le dessus que je dois me tenir à quatre pour ne pas, délibérément, descendre dans la rue pour y envoyer dinguer les chapeaux des gens, je comprends alors qu’il est grand temps de prendre le large. Ca remplace pour moi le suicide. Avec un grand geste, le philosophe Caton se jette sur son épée, moi, tout bonnement, je prends le bateau. Rien de surprenant à ça. Chaque homme, à quelque période de sa vie, a eu la même soif d’Océan que moi.»
C’est le propre du voyage que d’aller à la découverte de soi. La parole libérée ouvre des chemins immenses et insoupçonnés, identiques aux horizons sans fin des traversées mirifiques.
La deuxième métaphore renvoie à l’ interaction d’un savoir, d’un savoir-faire et d’un savoir-être qui fait que le travail du psychanalyste s’apparente à un artisanat, voire un art, celui de la haute couture. Le psychanalyste élabore avec minutie et précision un accompagnement du patient, sur-mesure et dans les règles de l’art.
Cette métaphore couturière trouve un écho dans le quartier… Clin d’oeil aux créateurs de mode, le cabinet, situé près de la place Vendôme rappelle qu’après le milieu du XIXe siècle, la place était le lieu de l'élégance parisienne et mondiale. Plusieurs couturiers de renom y avaient établi leur adresse.
En résumé, la psychanalyse s’adresse à tous ceux qui ont le goût du voyage.
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